L’envie… quelle étrange réaction. La vie nous réserve des surprises auxquelles nous ne sommes pas toujours préparés et outillés pour agir ou réagir adéquatement. Ainsi, certaines relations professionnelles peuvent être grandement affectées par des états d’être qui nous dépassent. En effet, le fait de constater qu’un collègue de travail réussit mieux que vous dans une des sphères de sa vie peut vous amener à vous demander pourquoi ce n’est pas à vous que ça arrive.

Que ce soit parce qu’il ou elle parvient à obtenir une promotion, rencontrer l’âme soeur, être en santé et en forme, avoir une vie de famille agréable et s’accomplir tant sur le plan personnel que professionnel, il y a des situations que vous pourriez souhaiter vivre. Si votre besoin est grand, l’observation de l’accomplissement de l’autre peut vous déranger. C’est normal et ça fait partie du cheminement. Pour se pousser à faire des changements, l’humain a besoin de ressentir le manque. Or, il y a une différence entre désirer obtenir plus et développer de l’envie !

Émotions

Si la réussite et le bonheur de l’autre vous dérangent, bien entendu, cela vous appartient. C’est à vous à gérer vos émotions, vos mécanismes de défense, vos réactions. Si cela réveille en vous des pensées et des sensations que vous n’aimez pas, une série de rencontres chez le psy devrait aider à lâcher prise. Elles permettront de passer à l’action pour vous permettre de vous réaliser. Car, dans les faits, ce n’est pas tant la réussite et le bonheur de l’autre qui vous dérangent. C’est le fait que cela met en lumière ce que vous n’avez pas.

Mais que faire quand c’est vous qui suscitez l’envie de quelqu’un d’autre ? Vous ne pouvez alors pas du tout gérer les émotions de l’autre. Vous n’avez aucun contrôle sur les pensées, les perceptions et les susceptibilités de cette personne. Ça ne veut pas dire que vous n’en subissez pas les conséquences, par contre ! Devriez-vous être moins heureux, briller moins fort, cesser d’attirer l’attention par votre accomplissement ?

Réactions

Généralement, quand quelqu’un éprouve de l’envie, il a tendance à dénigrer la personne enviée afin de la faire tomber de son piédestal, et ce, pour lui-même ainsi qu’auprès de l’entourage. Avec l’envie vient souvent la non-confiance en ses propres capacités de réalisation et d’accomplissement, une mauvaise estime de soi ou une image négative de soi. L’envieux ne cherche donc pas tant à s’améliorer lui-même qu’à éliminer la source de cette envie : vous ! Pour ce faire, il utilisera divers moyens : la médisance, le doute et l’isolement. Rappelons que ses réactions lui appartiennent et qu’il ne sert à rien de vous cacher et de taire vos réussites. Il vous faudra cependant faire face avec élégance et sérénité, ce qui ne sera pas aisé. Examinons plus en détail ces différentes réactions.

A. Médisance

La médisance est l’expression de propos souvent erronés, diffamatoires, vexatoires utilisés dans le but de faire perdre de la crédibilité, de diminuer l’influence ou d’accaparer le rôle de la personne visée. Elle peut toucher tant les aspects personnels que professionnels. La personne envieuse peut donc faire circuler des rumeurs totalement infondées et, si elle se fait prendre au jeu, ira même jusqu’à dire qu’elle ne pensait pas que ça causait du tort… mais, lorsque l’on obtient ses confidences, on comprend alors qu’elle savait très bien le mal qu’elle faisait.

La médisance se produit généralement en l’absence du sujet et l’incapacité des collègues à arrêter l’envieux l’encourage à poursuivre sur sa lancée. Il est en effet souvent difficile pour les collègues d’oser mettre fin à la médisance de peur qu’elle se retourne contre eux. Par ailleurs, souvent pris par surprise, les collègues n’ont pas forcément de répliques intelligentes et constructives toutes prêtes à ressurgir le moment venu. C’est facile de trouver, après coup, ce que l’on aurait pu répondre au médisant.

Recadrer

Parmi les outils existants, un recadrement des propos tenus permet de limiter les dégâts. Je vous propose d’utiliser le principe de la passoire de Socrate. Ainsi donc, si quelqu’un parle contre vous à un de vos collègues, il est important de consolider ce collègue afin qu’il soit en mesure de tracer une limite claire et cesser l’écoute de propos diffamatoires. Pour ce faire, rappelez à votre collègue les trois règles du philosophe : est-ce que les propos sont véridiques et vérifiés ? Ensuite, est-ce qu’ils sont agréables à entendre ? Enfin, est-ce qu’ils sont utiles pour la personne qui les entend, c’est-à-dire est-ce que c’est à la bonne personne que l’interlocuteur s’adresse ?

Si votre collègue répond non aux trois questions, il doit indiquer à son interlocuteur qu’il n’est pas le bon émetteur et il doit mettre fin à cette conversation désagréable, inutile et non fondée. Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire. Il est aidant d’inviter son collègue à se « pratiquer » à voix haute afin de trouver les mots justes qu’il se sent à l’aise d’utiliser.

Outiller

Si vous êtes un gestionnaire, il est crucial d’outiller vos employés afin qu’ils soient capables, par eux-mêmes, de mettre des limites claires face aux propos de médisance d’un collègue, sinon vous risquez de tomber dans le piège du gestionnaire-sauveur. L’employé qui ne parvient pas à mettre fin à une conversation inappropriée peut se sentir consciemment ou inconsciemment infantilisé, mais, surtout, il fera appel à vous chaque fois qu’il rencontrera le même type de problème plutôt que de travailler sa capacité d’affirmation.

Le rôle de sauveur, c’est-à-dire jouer au chevalier servant pour les employés qui ne parviennent pas à s’affirmer, peut être gratifiant à court terme pour le gestionnaire, mais il est dommageable pour l’organisation et pour lui. En effet, les problèmes à gérer vont s’accumuler à une vitesse fulgurante, prenant ainsi de plus en plus de place dans l’agenda du gestionnaire. Les employés ainsi « sauvés » savent qu’ils n’ont plus à régler leurs conflits puisque le sauveur va le faire à leur place. Cette déresponsabilisation risque de s’appliquer à d’autres situations problématiques.

B. Doute

Non seulement les propos de l’envieux peuvent être méchants, mais, en plus, ils sèment le doute dans l’esprit de vos collègues et dans le vôtre ! En effet, lorsque vous serez mis au courant des rumeurs circulant à votre sujet, vous vous demanderez ce que vous avez fait pour mériter de tels commentaires. Et puis, vous vous remettrez en question. Inévitablement, vous vous questionnerez. Enfin, vous réfléchirez pour tenter de trouver, parmi vos souvenirs, des éléments vous permettant de comprendre la cause de ces propos. Vous serez moins enclin à parler de certains sujets de crainte de générer d’autres moqueries.

À force d’être répétés, ces propos finiront par trouver écho auprès de certains de vos collègues qui, ayant eux aussi des besoins non comblés, vont être contaminés par la personne qui vous envie. Ils poseront désormais sur vous un regard différent, plus sévère, plus hautain, plus méprisant. Cette phase est particulièrement difficile à supporter et affecte même les plus insensibles. Croire que tout rentrera dans l’ordre tout seul est une erreur. Au contraire, les effets néfastes de l’envie grenouillent dans l’ombre. À force d’être répété, le mépris devient concret, prend forme, devient réel, autant dans votre esprit que dans celui de vos collègues.

C. Isolement

Lorsque quelqu’un est sous le joug d’un collègue jaloux, le réflexe est souvent de s’isoler, d’éviter certaines réunions où des commentaires désagréables pourraient être entendus, de remettre les rencontres qui demanderaient de confronter l’envieux. Or, c’est exactement ce que souhaite le médisant : avoir les coudées franches pour répandre son fiel ! Lorsque l’on fait le test des personnalités selon le modèle des cartes Insight (4 couleurs : vert-sociable, bleu-analytique, rouge-performant-actif, jaune expressif-conceptuel), on se rend compte que 40 % des répondants sont « verts ». Ils n’aiment pas les conflits, les évitent et apprécient l’harmonie. Il ne faut donc pas se surprendre que plusieurs personnes aient tant de difficultés à confronter un médisant. Qui plus est, confronter ne veut pas dire attaquer ! Or, au Québec, nous sommes malhabiles à argumenter, à discuter sereinement sans nous emporter. C’est pourtant un apprentissage extrêmement important à faire pour réussir en affaires !

Que faire?

Tout d’abord, lorsque l’on est aux prises avec la médisance d’un envieux, il importe de gérer le discours intérieur. Il ne sert à rien de s’autoflageller, de se dénigrer, de se dévaloriser. Nos pensées influent sur notre attitude face à une situation ainsi que sur notre énergie, notre courage et notre détermination. Ensuite, il importe de s’outiller. Plusieurs livres existent sur la communication non violente. Des formations se donnent afin de vous offrir des moyens, des expériences pratiques pour verbaliser correctement vos besoins et vos attentes.

Enfin, il vous faut faire face à cette adversité avec maturité et sérénité. Le médisant mise sur votre peur et votre difficulté d’affirmation. Et le médisant est généralement un bon orateur. Il ne sert à rien de planifier une longue discussion. L’idée est simplement de lui mentionner que vous avez été prévenu qu’il tenait des propos diffamatoires à votre égard. Vous lui indiquez que vous espérez que, s’il a quelque chose à dire sur vous, qu’il le dira à vous. C’est une simple question de maturité. Je rappelle d’ailleurs que les propos diffamatoires font partie des comportements inacceptables mentionnés dans la loi pour contrer le harcèlement psychologique. Ensuite, assurez-vous de consolider votre équipe, si vous en êtes le gestionnaire ou de demander le soutien de ce dernier. Il existe de nombreux coachs et conseillers aptes à intervenir auprès d’une équipe dans ce genre de situations.

Conclusion

L’envie et la jalousie feront toujours partie des réactions possibles en ce bas monde. Croire que vous n’y serez jamais confronté, c’est faire preuve de déni. Ne pas réagir et laisser courir peut avoir de graves conséquences. Se mettre en colère ne règle rien. Ce n’est qu’en faisant face sereinement que vous pouvez limiter les dégâts et vous respecter.

Suggestion de lecture : Les 8 étapes vers votre potentiel infini

Annabelle Boyer, CRHA, M. Sc. Administration, Génagogue, Synergologue

Présidente d’ABC Solution Développement organisationnel